Alors lisons ! Carte blanche à Elisabeth Barillé
Suis-je préparée à l’épreuve du rester chez soi ? Je le croyais, au lendemain du 17 mars, après tout, les restrictions imposées soudain, au nom d’une solidarité sanitaire que nous ne pouvions évidemment pas remettre en cause, ni en doute, m’étaient déjà familières.
Ecrire, ce n’est pas l’inspiration, c’est l’obstination reconduite jour après jour. Arrimé à sa table, ne pas sortir, passer des heures sur deux phrases, vivre sous la lampe quand d’autres savourent le soleil. Je m’estimais donc mieux armée face à l’épreuve. Mais j’oubliais l’essentiel : la possibilité du choix.
C’est entendu, l’écriture tient d’une nécessité d’autant plus difficile à cerner qu’elle est toute intérieure, mais cette belle « vocation », n’est pas soumise à la contrainte d’un autre que soi. Si confinement il y a, en effet, il est librement consenti, au nom d’une évasion plus grande et surtout, surtout, partagée.
Un livre, c’est de la solitude convertie en partage.
Avril 2020, pour Le Bleuet
« Peins ma fille, peins… Le jour commençait à baisser quand elle s’était enfin arrachée d’une ancienne fièvre. Une grande toile en était sortie, comme elle n’en peindrait jamais plus, avait-elle aussitôt compris. Une simple bâtisse dans l’herbe rase d’un vert cru, une bergerie, peut-être, tombée du ciel comme un météore… »
Ainsi peint Aimée Castain, bergère de Haute-Provence. La montagne est dans le paysage. La mer nappe l’horizon, invisible, brumeuse, à soixante kilomètres. Et partout, la tendre sauvagerie des collines, les oliviers, les bories, la tentation de la couleur. Saisir sur la toile la beauté du monde. Son mari Paul ne comprend pas bien cette passion nouvelle, mais Aimée s’y donne, entièrement, tout en surveillant son troupeau. Peu à peu, son talent franchit la vallée, les amateurs achètent ses toiles, les journalistes écrivent sur le prodige. Une candeur de touche, un talent singulier, comme offert, par l’insaisissable : l’école du ciel, peut-être…
La narratrice et son compagnon, Daniel, avocat, cherchent comment fuir Paris et Marseille, la vie épuisante, éclatée. Dans un village de Haute-Provence, une maison leur apparaît, comme offerte elle aussi, par l’invisible. Elle sera leur point d’ancrage. Chaque matin est une promesse nouvelle. Puis Daniel s’enflamme pour l’œuvre d’une artiste oubliée, une fille de métayers, née pendant la Grande Guerre, une simple bergère. La maison qu’ils viennent d’acheter fut la sienne. Un talent magnifique et méconnu aurait-il vécu entre ces murs?
Elisabeth Barillé nous entraîne à la rencontre d’Aimée Castain et nous livre le roman de la liberté, avec grâce et un sens unique des images : échapper à son histoire,traverser l’enfance, accomplir son destin.
"L'école du ciel" (Grasset 11 mars 2020)
Nous vous proposons de (re)lire...
"Le Premier homme" d'Albert Camus : son dernier roman, retrouvé en l'état de manuscrit dans son cartable, après l'accident de voiture mortel, le 4 janvier 1960. Dans ce roman autobiographique, Albert Camus raconte son enfance de pied-noir algérien et la recherche de son père dans un décor fictif. Il crée un parallèle entre Camus adulte et Camus, encore dans sa jeunesse.
"La conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole : un livre qui connaîtra le succès après la mort de son auteur. Son personnage incarne cette phrase bien connu de Jonathan Swift "Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui."
"L'Insoutenable légèreté de l'être" de Milan Kundera : le titre en lui-même est déjà une invitation au voyage, un oxymore qui va prendre tout son sens au fil du roman. Milan Kundera, comme toujours, a l'art de dessiner les relations intimes de ses personnages : ici, deux couples et le mal être de Tomas, le personnage principal. Celui-ci vacille entre souffrance et légèreté. Un roman cynique où l'auteur nous donne à lire l'inexprimable.
Nous vous proposons de (re)lire
le "Journal" de Jules Renard : une Bible ! un extraordinaire fourre-tout où Jules Renard se montre le maître de l'écriture brève et dans lequel on trouve cette phrase-bijou : "Un mot si joli qu'on le voudrait avec des joues pour l'embrasser."Merci à Philippe et Colette, membres du bureau de Bleuet Cie, pour leurs différents coups de cœur et leur finesse.
"Regain" de Jean Giono : sentir que "ça a changé", on entend toute la terre qui en parle. Le vent du printemps !", "c'est la vie, c'est la belle vie avec des gestes". Embrassons ce vent de vie ! Désirer ce regain , contempler cette renaissance , espérer cette "belle vie" ... Relisons cette œuvre magistrale de Jean Giono : entendons l'accent d'Agathange le cafetier de Banon, rêvons du grand plateau et du vaste ciel, admirons la vie qui s'éveille... en attendant le temps retrouvé...Merci à Sara, lectrice, pour ses coups de coeur et ses avis élancés.
"Mémoires d'Hadrien" de Marguerite Yourcenar : lire les Mémoires d’Hadrien, c’est lire le roman de l’humilité, celle de Marguerite Yourcenar. Jamais écrivain n'a autant réussi qu'elle à s’effacer derrière la voix qu’il donnait à son personnage. De tout temps qu’il nous sera donné de lire cette longue confession d’un empereur romain au soir de sa vie, nous entendrons la voix éteinte du très philhellène Hadrien et l’expression la plus pure de l’âme antique, toutes deux ressuscitées par le génie d’une femme à l’écriture sublime et à l’intelligence radieuse. Par ce pari relevé d’une manière incroyable et par la finesse de son auteure, il est certain que ce chef d’œuvre a déjà gagné l’éternité !
"La peste" d'Albert Camus : un grand roman d'épidémie, celle de la peste à Oran dans les années 40, métaphore du nazisme. Car l'auteur s'intéresse moins à la maladie qu'à ce qu'elle provoque chez les hommes dont l'auteur dresse le tableau des réactions, des plus solidaires aux plus abjectes. Un bon prisme de "notre" épidémie.
"Une vieille maîtresse", de Jules Barbey d’Aurevilly : roman décadent, peinture de mœurs d’une société aristocrate du milieu du XIXe siècle,
« Une Vieille Maîtresse » aurait pu simplement laisser l'impression d’une banale histoire de libertinage, celle d’un dandy, Ryno de Marigny, préférant à la chaste et jeune Hermangarde une femme dévoyée, une amante, une Espagnole : La Vellini. Mais le génie de Barbey d’Aurevilly crée, avec cette histoire, le roman d’une profonde passion : celle qui en dépit des apparences, vainc le Temps, et par les pouvoirs mêlés du sang, du sexe et de l’amour, se rappelle au souvenir d’un jeune homme, possédé par sa Vieille Maîtresse.
Un style éclatant, d’une puissante veine évocatrice, seule permise par la plume de celui qui fut qualifié, en son temps, de « Connétable des Lettres » …Le tout se déroulant dans un Cotentin, dont les tempêtes et la moiteur des embruns marins, rappellent la frénésie et le tumulte fracassants des passions qui animent les personnages.
Stéphane Soupiron, libraire
Actualité
"Amazon France, qui a été obligé par la justice de limiter son activité, va fermer ses sites du 16 au 20 avril pour les nettoyer et évaluer les risques face à l’épidémie due au coronavirus."
Lien de l’article :
Un petit pas qui s'avère être une victoire pour tous les employés d'Amazon, qui étaient gravement exposés au virus.
C'est aussi une (petite) victoire pour nous, les librairies indépendantes, contraintes à fermer nos portes quand le géant Amazon continue son commerce en ligne.
Boycottons Amazon et adoptons le #JeSoutiensMaLibrairie !
Vous trouverez ci-dessous deux liens vers des pétitions, afin d'aider les librairies françaises. Le troisième lien vient donner une explication au #JeSoutiensMaLibrairie.
https://www.change.org/p/les-m%C3%A9tiers-du-livre-ont-la-t…
https://www.mesopinions.com/…/interdisez-amazon-vente…/82794
Prenez vos clics et...
La photo a toute sa place dans l'association Accord et Accords. Sortons des clichés et...
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