Moiteur
La goutte qui perlait sur sa cuisse s’était stabilisée après avoir laissé une trainée de limace, caresse immobile qui avait éveillé ses capteurs sensoriels. Le vent tiède effleurait les parties de son corps, chassant les surplus de chaleur déversés par un soleil invisible, prisonnier de nuages épais et ouateux. La baie, habituellement aux couleurs turquoises et bleu sombre, s’était parée d’un manteau gris-vert souligné de fines lames blanches aux abords du rivage. Même les cocotiers avaient du mal à faire admirer leurs palmes vertes, ternies par une lumière sans relief. Un bruit de moteur d’avion, lointain, estompé avait seul perturbé quelques instants l’atmosphère sonore du ressac et les cris des oiseaux qui jouaient de rochers en rochers et d’arbres en arbres. Des effluves de crème solaire enveloppaient par moment l’air iodé de l’océan et ce mélange olfactif rappelait ce cocktail « éveilleur des sens » écœurant que l’hôtesse proposait à l’accueil du petit déjeuner. Avoir percé le sens de cette recette, création d’un « grand chef », lui procura un bref sentiment de satisfaction.
Cette attente immobile lui semblait interminable et plus le temps passait et plus il semblait ralentir; après les jours et les heures, chaque seconde semblait se figer. Simultanément une tension profonde, d’abord impalpable, traduite par une saturation précoce devant les délicieux jus de fruits et les succulents poissons grillés marinés, semblait maintenant envahir son être jusqu’à le rendre étranger à son environnement. Dans trois heures maintenant, madame Portagliati serait là…
Certains évènements de sa vie lui avaient donné une trajectoire hors du commun. A toute occasion elle se plaisait à le rappeler dès la conversation engagée. Née en Algérie qu’elle avait quitté avec ses parents au début des années soixante, ils s’étaient installés dans le 20ème.Ses parents étaient décédés en 1968 à la suite des évènements et de la désorganisation des services hospitaliers. Elle avait décidé sur le champ, de quitter cet environnement hostile, et portée par un désir de grand large, était partie, avec sa fille de 3 ans sous le bras, en Australie. Le père de son enfant, amour d’un soir, disparu aussi sec, lui avait évité de larguer des amarres qui s’avèrent quelquefois trop serrées. Elle avait fait des petits boulots mais avec la ferme détermination de gagner très vite de quoi compenser le peu de réussite de sa vie. Tendue exclusivement sur l’objectif, dotée d’une grande force de travail y compris dans les tâches les moins nobles et d’un culot à toute épreuve, elle n’avait pas tardé à gravir quelques marches dans la nouvelle société australienne et avait fini par ouvrir un restaurant qui devint vite renommé.
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