Rêve parti
J’écarte une branche. Je me faufile entre les rochers. Je dois être perdu sur le flanc de cette montagne. Je sens mon corps souffrir. Mes articulations et mes vieilles douleurs se réveillent à chaque contorsion. J’essaie de trouver la partie de mon corps la mieux adaptée, la moins douloureuse pour ouvrir la voie entre les roches et la végétation. Une jambe, un bras, la tête, sur le dos, sur le ventre. A force, à un moment, j’ai l’agréable sensation que mon corps retrouve vigueur et souplesse, libérant ainsi mon esprit. « Pas trop mal en point, pour un sexagénaire ! » me dis-je intérieurement, ponctué par un sourire de satisfaction, immédiatement remplacé par une inquiétude lancinante.
La vue se dégage pour la première fois et je commence à apercevoir certains pans de la vallée, en contrebas. Il me reste un obstacle de roche à franchir, bizarre comme un couloir de lave, dessinant un chemin sombre, boursouflé mais étonnamment rectiligne. En me rapprochant je découvre qu’un rocher, à première vue infranchissable, à l’entrée de la coulée, est en fait, une arche de pierre et je m’y glisse pour sortir enfin en terrain découvert. Je descends maintenant à grandes enjambées dans une herbe haute. Je dois rejoindre impérativement notre lieu de rassemblement et je suis terriblement en retard.
Les jours précédents, j’ai souvent pris une heure ou deux, pour aller m’oxygéner dans cette montagne et je connais donc une bonne partie des lieux. Pourtant, aujourd’hui j’ai du mal à me repérer. Je suis encore sur les pentes herbeuses, loin de toute zone habitée quand je découvre un panneau d’entrée de ville, aux normes habituelles, indiquant en lettres majuscules… : « BRUXELLES ». Perturbé, pour le moins, mon esprit tente de trouver une explication plausible. Ça doit être l’annonce de l’entrée dans le territoire d’une méga agglomération, transfrontalière, en devenir, en attendant que ça se bâtisse, comme dans le Far-West.
Arrivé maintenant dans cette ville-village, petite, rassemblée au milieu de grands espaces, je ne reconnais rien et après avoir arpenté quelques rues, je demande ma route à un passant qui continue la sienne, ignorant ma présence. « Pas un bon présage » me dis-je. Voyant des jeunes, je m’approche et pose, à tout hasard, la question à l’un d’entre eux. Il s’arrête, réfléchit et, me montrant la direction avec son doigt, il me dit qu’en fait, ma destination doit se trouver derrière la montagne, dans une autre vallée. Jambes en coton, hébété, j’encaisse la nouvelle, sans voix.
Voyant mon état, il m’entraine dans une boutique qui vend des cartes routières afin de me montrer plus sûrement le chemin à parcourir. Je cherche une carte, de la région parisienne, qui pourrait englober…Bruxelles. Au mur et dans les présentoirs, j’aperçois des plans de ville, mais seulement du lieu où nous sommes. Je m’étonne d’y voir également des plans de métro, compte tenu de la taille du village. J’explique au vendeur, qu’en fait ma destination se trouve près de Corbeil, dans la banlieue parisienne. Je suis de plus en plus perplexe et découragé quant aux moyens d’atteindre ce lieu, quand, à ma grande surprise, je retrouve dans le bar voisin où mon guide m’a emmené, pour prendre un verre avant la route, deux membres de notre groupe. Ils ne semblent pas du tout inquiets de leur côté et je vois dans cette insouciance un grand signe de réconfort.
Je préfère me réveiller à ce moment car les rêves qui finissent mal nous poursuivent quelquefois toute la journée. Rêver c’est vivre pendant le sommeil.
02/01/20201 Denis M.
photo: montage à partir de photo de Sandra D.
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