Brèves de confi-potes: "Pour vous mettre sur la voix"

J24 : « Voix détournées »

« Il est vraiment timbré ! ». C’est ainsi qu’elle s’était exprimée en entendant le son de ma voix. J’avais eu, comme tout le monde, ma période philatéliste mais je m’en étais affranchi peu à peu. En plein doute, dans ma vie, il fallait que je fasse du tri et c’est pas marrant. J’avais alors décidé de chercher ma voix. C’est bizarre, la voix c’est nous et quelqu’un d’autre. Elle ne nous appartient pas, c’est même le contraire. Alors il faut sans cesse négocier, trouver une voix médiane pour l’utiliser si l’on ne veut pas rester sans voix. Elle véhicule nos pensées, nos expressions, nos cris, nos chants sur des voix quelque fois sans issue. Certains jours sans savoir pourquoi j’étais en voix, et d’autres, en voix de disparition. Oui mais que serait la voix sans l’ouïe. Il y a des voix qui font regretter d’avoir des oreilles. Pourtant il n’est pas nécessaire d’en avoir pour en entendre. Le mystère c’est aussi l’intonation. Pour la voix électorale, un homme une voix, pour le noble, la voix carrossable, pour le marin, celui à la voix d’eau, douce, les voix navigables et fluviales, pour le tiers état, la voix du peuple et pour nos ancêtres, les voix caverneuses. Certains passent de vive voix à une voix d’outre-tombe. Et ce n’est plus qu’un murmure fredonné dans le cas de l’extinction de voix de peuples en voix d’extinction. Le concert tôt à une voix, de détresse, c’est consternant. Mystère. Mais revenons aux bases : l’anatomie et l’environnement. La machinerie et l’accent. Son conseil : faut mettre l’accent sur la machinerie sinon ça peut machiner l’accent et au mieux donner une voix de garage ou une voix de presse, et encore seulement pour la voix du Nord ou la voix du Centre. Pas la vôtre.

Finalement, elle m’a dit pour ne pas vous mettre à la rue, je vais vous mettre sur la voix. Et elle en a donné.