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Benedicte DESPLACES
21 décembre 2025

Des talons sur les pavés

Ils avaient tagué la voiture de son mari avec des croix gammées, place Vauban, où ils habitaient. Mais elle en avait vu d’autres, Simone, elle qui avait survécu à Auschwitz. Il n’y avait vraiment personne qui lui faisait peur, parmi les députés vociférant de l’Assemblée Nationale. Il avait quand même été un peu gonflé sur ce coup-là, Valéry Giscard d’Estaing, quand il lui avait confié le projet de loi sur la dépénalisation de l’avortement. Car il avait lancé la réforme contre son propre camp politique. Mais Simone avait relevé le gant et mené la bataille. Son discours devant l’Assemblée avait été habile, mettant en avant la santé publique plus que la liberté des femmes à disposer de leur corps. Elle avait donc remporté la victoire, par l’adoption de la loi dite Veil, le 17 janvier 1975, autorisant l’Interruption Volontaire de Grossesse. Des milliers de vies sauvées, épargnant les femmes qui avaient le malheur de tomber enceintes et recouraient aux faiseuses d’anges, le plus souvent dans de sordides conditions. Elles ne survivaient pas toujours aux opérations. Mais combien de débats houleux et de coups tordus pour en arriver là. En cet automne tourbillonnant, Simone se réservait chaque jour un petit moment à elle, solitaire et apaisant. Depuis le Palais Bourbon qu’elle quittait nuitamment, après les débats, elle rentrait chez elle à pied, place Vauban, vingt minutes à peine pour un peu plus d’un kilomètre. Elle aurait facilement pu bénéficier d’un chauffeur mais elle tenait à cette traversée de Paris nocturne, son moment de silence bien à elle après la rude journée. Ses talons claquaient sur le pavé glissant, en cet automne 1974. Elle portait de petites chaussures assorties à son tailleur pied de poule, coiffée d’un chignon qui la transformait en mémère. Sur ce pavé mouillé, on aurait dit une bourgeoise pressée. Comme les apparences sont trompeuses, car son âme était d’acier trempé. De toutes les traversées de Paris, celle-là en vérité, m’apparait comme la plus belle et la plus glorieuse. Car Simone ne défendait pas les femmes, elle défendait le respect de l’autre. Je m’étonne cependant qu’on l’ait laissée se balader la nuit sans protection personnelle, aujourd’hui ce ne serait plus possible, on la contraindrait à entrer dans une voiture sécurisée. Quoiqu’il en soit, cinquante ans après, Simone continue de m’étonner. L’année de sa panthéonisation en 2018, je travaillais au Ministère de la Santé, près de l’endroit où elle avait habité. Le midi, mes pas me conduisaient jusqu’à la place Vauban et j’avais bien sûr repéré son immeuble, mais à vrai dire, l’endroit ne me plaisait guère, pas de parcs ni de jardins publics. J’étais attristée car les affiches la représentant étaient systématiquement dégradées dans la rue. Pour cette raison, l’année suivante, je décidais de lui rendre visite au Panthéon. J’avais identifié de loin son tombeau mais une jeune fille accompagnée de sa mère me devança. Elle avait peut-être douze ou treize ans : « Qui c’est, Simone Veil ? » demanda-t-elle en avisant le panneau d’entrée. « J’sais plus, répondit la mère, j’l’ai su, mais j’sais plus ». Je les regardais stupéfaite et je m’approchais, mais une barrière métallique barrait le passage. J’en demandais la raison à un garde présent mais il me répondit « à cause des attaques ». Je méditais alors sur le triste sort des femmes dont on ne peut approcher le corps, Marie Curie radioactive, et Simone elle aussi, maudite à sa manière. Je sortis un peu triste du Panthéon et méditais sur la vanité des choses. Mais j’entendis soudain dans ma tête les petits talons claquant sur les pavés : La traversée de Paris d’une petite grande âme qui avait décidé un jour de rendre, pour les autres, la vie un peu plus vivable. Et ça m’a redonné courage.

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