Ils ne manquent pas d'air !

La plage de Trouville 1865 Eugène Boudin

atelier écriture du 11/10/2025 :  "donner vie à un personnage"

Monsieur Benjamin (en son for intérieur) : En voilà, une belle brochette de commères. Je pensais que venir sur cette plage leur ferait oublier leurs habitudes. Mais non, au contraire. En rang serré, presque en tenue de camouflage, enchâssées dans leurs lourdes crinolines, voilà quatre guetteuses aux avant-postes. Rien ne leur échappe et … « ouah, ouah ». Quelle idée ! venir à la plage avec ce chien bâtard qui aboie à toutes les mouettes. C’est à celui ou celle qui braillera le plus fort.

Le comte de Resnais, me sentant hésitant, m’avait dit : « cher Benjamin, allez-y. Vous verrez, la plage, c’est un monde qui réserve des surprises. Surtout, ouvrez grand les oreilles. Le chuintement de la mer et le ressac ont des vertus thérapeutiques sur les neurasthénies. »

Les 4 jalouses :

… et bla-bla et bla-bla … « t’as vu, une robe rouge pour venir à la plage. Quel manque de goût ! Elle veut toujours se faire remarquer. »

« Attirer le taureau, tu veux dire ? (Rires). Allez vent, décoche-lui une belle rafale et fais-lui retourner son ombrelle. »

Monsieur Benjamin (en son for intérieur) : Elles sont jalouses. Elle est terriblement séduisante. Quelle ligne ! Et ce vent qui met du désordre dans ses cheveux. Il a même soulevé le bas de sa robe. Ses chevilles et ses bottines, cette image ne va plus me quitter… Je me sens tout à coup seul avec elle. Les autres n’existent plus. Je vais rester debout. Elle va bien finir par me remarquer. Elle aussi, elle se tient un peu à l’écart de la masse agglutinée, gesticulante et caquetante. Et quelle délicatesse ! Je la fixe. Je la dévore des yeux. Elle va bien finir par tourner la tête. Tenter quelques pas dans sa direction ?

L’une des quatre : « Monsieur Benjamin, ça ne vous ennuierait pas de venir, plutôt derrière nous ? Avec votre grande taille et votre large carrure, nous serions comme sous votre aile, protégées du vent. »