La Fleur et l'Arbre
Atelier d’écriture du 12 décembre 2022 - Dessin et lecture C.B.
Consigne : en 40 minutes écrire un dialogue faisant suite à la première réplique suivante : « Pleurer ça me fait du bien et ça m’aide à affronter la vie et ses problèmes. »
- Pleurer ça me fait du bien et ça m’aide à affronter la vie et ses problèmes, dit La Fleur.
- Comment cela, dit L’Arbre, toi si belle, si épanouie, si parfumée, toi que l’on admire depuis le sentier, car au moins toi on te remarque et tu embellis l’orée du bois, toi tu n’as pas de raison de pleurer ainsi, ressaisis-toi. Arrête tes comédies.
- C’est ce que tu crois, rétorqua La Fleur, car parfois on me cueille, souvent même on m’arrache et je dois tout recommencer, m’efforcer de pousser à nouveau, et cela me demande force, énergie, persévérance et courage !
- Et alors, contesta l’arbre vertement, où est le problème ? Tu vas former un bouquet qu’un enfant offrira à sa mère, ou bien qu’un amoureux offrira à son amoureuse. Tu te rends compte de ta belle destinée ! Moi qui au contraire stagne là, fixe, planté dans le sol, emprisonné par mes racines, je t’envie tu sais !
- Ah tu m’envies ! s’encoléra La Fleur. Pour survivre et faire repousser mes tiges et mes bourgeons je dois puiser l’eau dans l’humus, sous les feuilles sèches, et développer des stratégies surhumaines pour ne pas mourir de soif.
- La belle affaire, ironisa l’Arbre. Chacun sa nature. Tu crois que moi, je ne travaille pas pour vivre ?
- Mais toi, L’Arbre, s’essouffla déjà La Fleur, toi tu peux puiser profondément et tu trouves l’eau. Moi j’ai de plus en plus de difficultés à la capter dans les couches superficielles, alors je pleure et ça me fait du bien, cela humidifie mes tiges, je me redresse et parviens à refleurir, et donc oui, pleurer ça m’aide à affronter ma vie de fleur et ses problèmes. Sinon je disparaîtrais, tu comprends ?
Un peu en colère, L’Arbre fit bruisser son feuillage alors qu’il n’y avait pas le moindre souffle de la moindre brise, juste une chaleur suffocante et une sécheresse pesante. Quand il s’agitait ainsi c’est qu’il réfléchissait, qu’il méditait sur le destin en général et sur sa vie de grand arbre sans problème en particulier, ainsi que sur le devenir de cette petite fleur à problèmes.
Etait-il ému ? Empathique ? Anxieux ? Il ne savait le dire.
- Eh La Fleur ? Et moi ? Je peux faire quelque chose pour toi ?
- Merci L’Arbre. Je crains que non. Déjà, et c’est très bien, ton ombre me protège des rayons brûlants de notre soleil source de vie mais aussi de mes souffrances actuelles. Sur ce tapis de mousse, jadis, j’avais plein d’amies de toute diversité et de toute culture. Aujourd’hui, il ne reste plus que moi car j’étais la plus résistante.
La Fleur avait prononcé ces dernières paroles avec difficulté, le souffle court, L’Arbre le ressentait. Il avait remarqué que ses feuilles d’ordinaire luisantes étaient devenues ternes, que ses pétales avaient pâli, que son port de cou se courbait.
- Allez La Fleur ! Pleure, je t’en prie, pleure encore une fois pour te faire du bien et t’aider à affronter tes soucis.
- Je n’ai plus la force, L’Arbre. Pour pleurer il me faut puiser un peu d’humidité dans le sol ou dans l’air, mais je n’en trouve plus.
L’Arbre commença à s’affoler. Lui, statique et destiné à être enchaîné à son emplacement était attaché à la compagnie de La Fleur. Il aimait la voir se fermer à la tombée de la nuit, il veillait de là-haut sur son sommeil et guettait les premières lueurs du jour pour la revoir s’ouvrir à la vie chaque matin nouveau.
- Eh La Fleur ! Je t’en prie, pleure encore, redresse-toi !
- Je n’en peux plus, chuchota La Fleur, c’est bientôt la fin. Notre planète La Terre ne veut plus de nous.
L’arbre s’effraya, il se devait d’agir. Il développa ses réseaux souterrains de racines et radicules pour contacter radicules et racines des arbres voisins, qui firent de même, et toute la forêt se souda sur un seul et même objectif : fabriquer de l’humidité. Toutes les particules de sève furent mises à contribution, toutes les cellules de toutes les écorces craquèrent, la canopée tendit comme un seul bloc de chlorophylle ses tentacules pour invoquer Le Ciel.
Un amas de traînées blanchâtres s’échappa alors de la forêt, tel de la vapeur sortie d’une bouche dans la rigueur du climat d’une nuit de Noël.
Et, enfin, La Terre accepta de pleurer pour aider La Fleur.
Pleurer-ça-me-fait-du-bien....mp3
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